Quel avenir pour l’Office français de la biodiversité (OFB) à l’heure de la loi Duplomb ?

Créé en 2020, l’OFB est un acteur central de la protection de la nature. Il est le résultat de la fusion de l’Agence Française pour la Biodiversité et de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage.Bien que longtemps resté méconnu du grand public, l’OFB  remplit aujourd’hui encore des missions cruciales : police de l’environnement, appui technique aux acteurs locaux, soutien à la connaissance scientifique, sensibilisation et prévention.

Une immersion en Belledonne, au cœur du travail de l’OFB

Pour témoigner mon entier soutien aux agents de l’OFB, je les ai accompagnés pour une opération de comptage du tétras-lyre dans le massif de Belledonne. Dans le silence de la montagne, avant que le jour ne se lève, nous avons pu observer cette espèce emblématique de notre territoire. Aujourd’hui, le tétras-lyre est classé vulnérable en France. Ses populations sont en déclin, notamment à cause du changement climatique et de la fréquentation touristique hivernale (ski de randonnée, raquettes).

Ce déplacement fut l’occasion d’échanger longuement avec ces agents de terrain sur leur engagement, leurs connaissances du milieu naturel, mais aussi leurs inquiétudes quant à l’avenir-même de l’OFB. Ils manquent cruellement d’effectifs et de moyens et sont injustement dénigrés par beaucoup.

Des missions essentielles pour la nature et nos territoires

En Isère comme ailleurs, leur action repose d’abord sur la prévention, la sensibilisation, l’accompagnement des acteurs locaux — agriculteurs, chasseurs, randonneurs, élus. Les sanctions sont rares, et ne concernent que des cas graves de non-respect de la loi. En matière judiciaire, 1 273 procédures ont été engagées par l’OFB, soit une moyenne de 13 par département en 2023.

Un exemple emblématique de leur rôle en Isère est leur intervention sur la prédation du loup. Lorsque des animaux d’élevage sont retrouvés morts, les agents de l’OBF se rendent sur place et réalisent une expertise rigoureuse des dépouilles. Leur diagnostic est essentiel : il permet de confirmer – ou non – l’origine de l’attaque, de garantir l’indemnisation des éleveurs, et de prévenir les tensions en apportant des éléments objectifs. 

Ils assurent aussi la surveillance des milieux naturels, la protection d’espèces en danger, le contrôle des usages de l’eau, ou encore la lutte contre les pollutions. Leur présence sur le terrain est indispensable pour garantir l’effectivité des mesures votées par le Parlement. 

Pourtant, ces policiers qui font appliquer la loi se sentent aujourd’hui injustement attaqués. En effet, menacés et intimidés sur certaines missions, ils constatent un manque criant de soutien politique et institutionnel.

Des attaques injustifiées

Ces derniers mois, les attaques contre l’Office Français de la Biodiversité se sont multipliées. Des agents ont été pris pour cibles lors d’interventions sur le terrain. Certains ont été intimidés, insultés, voire blessés, et des contrôles ont été entravés. Pourtant, comme nous le rappellent ces agents, ils ne font que leur travail, c’est-à-dire appliquer la loi.

Face à cette situation, au lieu d’appeler au calme et au respect de l’ordre républicain, certains responsables politiques attisent les tensions. L’ancien président de région, Laurent Wauquiez, s’est illustré par des propos particulièrement virulents contre l’OFB, accusant l’institution de « coalition d’idéologues » et d’« empêcher les agriculteurs de travailler sereinement ». Pourtant, les agents de l’OFB agissant sous l’autorité des préfets et des procureurs, exercent leur mission dans le respect des lois de la République. 

La droite s’en prend à la police à des fins électoralistes, encourageant la violence à l’encontre d’agents publics qui agissent sous uniforme, avec un agrément d’État, pour faire respecter la loi. 

Une proposition de loi qui affaiblit la protection de la nature

Dans ce contexte tendu, la proposition de loi dite “Duplomb”, prétendant lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, représente une grave régression. Elle souhaite réduire les compétences de l’OFB, notamment en matière de police administrative et judiciaire.

Ce texte envoie un signal désastreux : il entend affaiblir une institution qui œuvre dans l’intérêt général, au moment où l’urgence écologique exige au contraire de la renforcer. Elle détourne le débat, et alimente des tensions stériles. Elle est démagogique et contraire aux objectifs que nous devons collectivement poursuivre en matière de santé publique, de transition écologique et de protection de la biodiversité.

Je refuse que l’on sacrifie nos outils de protection de la nature sous la pression de la droite réactionnaire. J’en appelle à un rejet clair de cette proposition de loi, et à un soutien affirmé aux agents de l’OFB.

Nous devons bâtir une écologie de terrain qui accompagne les territoires, et qui donne aux services de l’État les moyens et l’indépendance d’agir.