Faire de l’école dehors un droit pour tous 

Comparée à d’autres pays européens comme l’Allemagne, la Suisse, le Danemark ou encore l’Angleterre, la France accuse aujourd’hui un retard important en matière d’éducation au dehors et au contact avec la nature. Alors que les enfants passent désormais dix fois moins de temps à l’extérieur qu’il y a trente ans, de nombreuses recherches soulignent pourtant les bienfaits du temps passé dehors. Il réduit le stress, stimule la créativité et favorise le bien-être global. Il est donc essentiel de reconnaître l’école au dehors comme un droit pour tous les enfants.

Avec mes collègues, Florence Hérouin Léautey (Socialistes et apparentés) et Graziella Melchior (Ensemble pour la République), et en lien avec La Fabrique des Communs Pédagogiques et WWF, nous allons déposé une proposition de loi pour favoriser l’accès à la nature à l’école. 

Nous avons pu la présenter à Marseille, ce 15 mai 2025, à l’occasion des Rencontres internationales de la classe dehors. Concrètement, notre proposition de loi transpartisane vise à inscrire la pratique de l’école dehors dans le code de l’éducation. Elle sera un levier pour renouer avec un équilibre fondamental : celui d’un apprentissage vivant et en phase avec les enjeux environnementaux de notre époque.

Une réponse éducative, écologique et sociale à un enjeu majeur

La classe dehors ne doit plus être une exception, réservée à quelques établissements pionniers : elle doit devenir un droit pour tous les élèves de France. Aujourd’hui, peu d’établissements pratiquent régulièrement l’école dehors. Pourtant, les bénéfices sont nombreux : développement cognitif, bien-être physique et mental, éveil sensoriel, cohésion sociale… Le contact régulier avec la nature participe pleinement à la réussite éducative des enfants et adolescents.

C’est pourquoi il faut inscrire dans la loi l’éducation « au-dehors et au contact de la nature » comme objectif fondamental du service public de l’éducation. Un geste fort pour reconnaître cette pratique comme partie intégrante d’un parcours scolaire équilibré et adapté aux enjeux du XXIe siècle.

Quatre mesures structurantes pour garantir le droit à l’école dehors

L’article 1er du texte reposera sur quatre piliers fondamentaux :

  1. Reconnaître l’école dehors comme objectif éducatif à part entière, au même titre que les savoirs fondamentaux. Et autoriser tout enseignement – y compris les mathématiques, les sciences, les langues ou l’éducation au développement durable – à être mené dehors, lorsque cela est pertinent.
  2. Inscrire dans chaque projet d’établissement un programme régulier d’activités éducatives au contact de la nature.
  3. Faire du projet éducatif de territoire (PEDT) un outil pour garantir un égal accès à la nature pendant le temps périscolaire, en lien avec les collectivités locales.
  4. Prévoir un réseau national de formateurs à la classe dehors. Ce réseau aura pour mission d’accompagner les enseignants et les équipes éducatives dans cette transition pédagogique.

L’article 2 se concentrera sur les structures d’accueil de la petite enfance : l’accès régulier au-dehors et au contact avec la nature doit faire partie des objectifs et missions assignés à ces structures. Il rend opérationnelle cette ambition en mobilisant les projets d’établissements de ces structures. Enfin, il prévoit les modalités de formation des personnels des structures d’accueil de la petite enfance. 

Cette approche globale permet de renforcer les liens entre les différents temps de l’enfant : scolaire, périscolaire et extrascolaire. Elle repose aussi sur une mobilisation collective : enseignants, élus locaux, animateurs, parents d’élèves, professionnels de la petite enfance.