Les règles surdéterminent le jeu.
Notre régime politique penche dangereusement du côté du pouvoir exécutif. Sans préjudice d’un réajustement à la racine des institutions qu’il conviendrait d’entreprendre pour rééquilibrer les pouvoirs, une réforme du mode de scrutin des députés s’impose aujourd’hui comme étant à la fois simple et urgente.
Le scrutin majoritaire à deux tours, sur 577 circonscriptions, crée une immense distorsion entre les voix exprimées et les sièges obtenus. Ce mode de scrutin aboutit à la surreprésentation d’un petit nombre de partis et efface un grand nombre de couleurs politiques. Ses effets secondaires sont bien connus : il contraint l’électeur à élaborer des stratégies insensées ; il produit de l’abstention ; il génère frustrations et mouvements protestataires.
La représentation nationale se doit de correspondre fidèlement à la volonté du corps électoral. La démocratie ne saurait être un affrontement entre les citoyens et les élus. Aussi, la grande bataille des opinions doit être organisée dans l’enceinte des institutions de la République. C’est notamment à cette condition que sera retrouvée la confiance de nos concitoyens dans la démocratie représentative.
Parmi les autres modes de scrutin, celui qui apparaît le plus convaincant est la proportionnelle intégrale, seule à même de favoriser la délibération transpartisane, de garantir la juste représentation de toutes les sensibilités, et d’obtenir, in fine, la parité de genre.